Avec une empreinte carbone par email de 10g de CO2, les 3,5 millions d’emails envoyés par seconde en 2020 ont une lourde responsabilité dans la pollution d’internet.
Si vous lisez ce blog, vous savez que j'essaie d'avoir une démarche éco-logique dans le cadre de mon activité professionnelle et à titre personnel. J'essaie car je sais qu'il est toujours possible de faire mieux et que nul n'est prophète en son pays. Aussi, je ne tenterai pas de de convaincre qui que ce soit si vous n'êtes pas un minimum à l'écoute. Par contre, si vous voulez améliorer votre bilan environnemental lié à votre usage d'Internet, alors le contenu de cet article pourrait vous intéresser.
Source: @Tania_Gombert
Réduire l'impact environnemental d'Internet, comment faire ?
Contrairement au pot d'échappement des véhicules, aux cheminées des bâteaux et des usines, la pollution numérique est sournoise car elle ne se voit pas. Pourtant, mis bout à bout, les emails inutiles finissent par représenter un sacré paquet de cochonneries. Pour bien prendre conscience de l'ampleur de ce phénomène, voici quelques chiffres assez édifiants qui proviennent d'une étude réalisée par Cleanfox issue de son panel de 3 500 000 utilisateurs.
- Nous n'ouvrons d'un quart des newsletters que nous recevons
En 2020, les 4365 newsletters rçues en moyenne par un.e français.e ont généré 43 kgs de CO2 soit l'équivalent de 355 kms parcourus avec une Peugeot 208. Parmi ces emails, seulement un quart ont été ouverts. Ainsi, les 75% restants ont un poids carbone d'environ 33 kgs, ce qui représente 280 kms en voiture.
- Nous ne sommes pas tous égaux face à ce problème.
Cleanfox a observé que les femmes sont davantage la cible de newsletters puisqu’elles reçoivent en moyenne, 928 newsletters de plus que les hommes. Et si vous êtes né.e entre 1965 et 1980 (la génération X), votre boite mail a reçu 4325 newsletters non ouvertes en 2020 soit l’équivalent de l’empreinte carbone de 370 km en voiture !
- Les petits ruisseaux peuvent devenir de très gros torrents.
L'empreinte carbone des newsletters reçues en 2020 par un.e français.e est de 46 kgs de CO2. Si vous conservez religieusement pendant 10 ans, votre boite mail aura une empreinte carbone annuelle de 2,5 tonnes, c'est à dire autant qu'un aller-retour Paris Moscou en avion.
- Agissons individuellement pour le bien-être collectif.
Il suffirait que nous supprimions tous nos mails inutiles pour éviter l’émission de 1,8 million de tonnes de CO2 chaque année. Pour situer, cela représente la pollution émise chaque année par une ville de 160 000 habitants. Les petits ruisseaux peuvent aussi faire les grandes rivières.
On entend par email inutile, les newsletters non ouvertes. Ces emails sont présents dans nos boites mails qui sont stockées dans des data centers très énergivores, ce qui augmente leur poids carbone. En s'accumulant dans votre boite mail et dans des milliers d'autres, cela représente une pollution numérique exponentielle qu'il est toutefois possible de combattre. Savoir gérer sa boite mail ne consiste pas qu'à créer de dossiers pour classer ses emails. Avec 3,5 millions d’emails envoyés par seconde en 2020 et un coût carbone par email de 10g, les courriels jouent donc un rôle non négligeable dans la pollution d’internet.
Mais l'email n'est pas le seul coupable et si réduire son usage est souhaitable, cela ne suffira pas à rendre Internet vertueux et avoir un Web éco-logique. Pour y parvenir, il faut apprendre à avoir une action plus globale sur nos appareils et sur l'usage que nous en faisons. Si vous cherchez à réduire l'impact environnemental d'Internet, voici 10 pistes pour vous aider.
1. Gérez votre boite mail
Filtrer ses mails est sans doute ce qui est de plus simple à faire et pourtant, peu le font. Créer des dossiers dans lesquels, votre client mail ira ranger les mails entrants permet d'avoir un premier niveau de filtrage. Une fois cela fait, il ne devrait plus rester dans votre boite de réception que certains types d'emails : ceux dont le dossier est à créer, les éventuels spam non filtrés, les courriels provenant de nouveaux contacts, etc.
Prenez le temps de nettoyer régulièrement votre boite de réception. Celle-ci n'est pas un espace de stockage et ne doit pas contenir des mails vieux de plusieurs semaines. Logiquement, celle-ci doit être vide - ou quasiment vide - chaque jour. Si ce n'est pas le cas, créez de nouveaux filtres appropriés et supprimez ce qui doit l'être.
Même si Google fait tout son possible pour que vous stockiez vos emails en ligne sur Gmail, je vous recommande quand même de les exporter et de les stocker sur votre ordinateur. Vous libérerez de la place sur le serveur et vous éviterez que vos mails puissent être consultés sans votre consentement...
2. Videz automatiquement la corbeille de votre client mail
Videz sa boite de réception est indispensable et si vous cherchez à être particulièrement efficient en matière de réduction d'empreinte carbone, vous n'oublirez pas d'activer l'option qui permet de vider automatiquement la corbeille lorsque vous refermez votre client mail ou votre application en ligne.
Par défaut, les messages stockés dans la corbeille de Gmail pendant plus de 30 jours sont automatiquement supprimés. C'est mieux que rien mais pour réduire ce délai, vous devrez le faire depuis un client mail (Thunderbird, Mailbrid, Outlook, etc) en cochant l'option "Vider la corbeille en quittant". Là, vous serez efficient et vous réduirez notablement l'impact environnemental d'Internet lié à cet usage.
3. Préférez les flux RSS aux newsletters
Grâce à un aggrégateur de flux RSS tel que l'excellent RSS Agregator, vous avez la possibilité de recevoir instantanément, toutes les dernières publications des sites et blogs de votre choix. Ce système vous évite d'avoir à communiquer votre adresse email et de remplir votre boite mail de newsletter.
4. N'envoyez plus vos pièces-jointes par email
En 2021, un gros fichier - même s'il est zippé - ne doit plus être partagé par mail. Cette pratique a un coût carbone absolument désastreux car bien souvent, le mail et la pièce jointe se retrouvent stockés dans la boite d'envoi de l'expéditeur et dans la boite de réception du (ou des) destinataire(s).
Aujourd'hui, il existe des systèmes simples et gratuits qui permettent de partager des fichiers volumineux sur Internet tels que WeTransfert. Bien.
Mais connaissez-vous FileVert qui est son équivalent français, responsable et vertueux ? FileVert est sobre et économe en ressources, sécurisé et totalement hébergé en France, avec une consommation énergétique maîtrisée et il est gratuit et sans inscription. L'essayer c'est l'adopter !
5. Eteignez votre box lorsque vous n'en n'avez pas besoin.
Lorsque vous allez vous coucher ou que vous sortez de chez vous, vous éteignez votre radio, votre téléviseur, les lumières, n'est ce pas ? Pourquoi n'éteignez vous pas votre box Internet lorsque vous ne l'utilisez pas ? Et oui, on estime que la consommation totale annuelle de ce type d'appareil se situe entre 150 et 300 kWh. C’est à dire, autant qu’un grand réfrigérateur ou que 5 à 10 ordinateurs portables 15 pouces utilisés 8 h par jour. Il vous suffit simplement d'appuyer sur un bouton pour réduire l'impact environnemental d'Internet.
6. Désabonnez-vous des newsletters inutiles.
Outre les flux RSS qui peuvent avantageusement remplacer vos newsletter, vous avez également la possibilité de recourir à des services en ligne pour vous désabonner des emails inutiles auxquels vous êtes abonné.e (parfois sans même le savoir). Il existait l'excellent Unroll.me mais ce service n'est plus accessible aux internautes Européens. Néanmoins, il existe CleanFox qui peut faire le job gratuitement à votre place. Je ne l'ai pas testé mais les retours semblent plutôt positifs.
7. Optez pour un moteur de recherche responsable.
Le nombre de requêtes tapées quotidiennement sur Google dépasse les 3,3 milliards. Or saisir directement l’URL du site dans la barre d’adresse ou l’appeler depuis ses favoris permet de diviser par 4 l'empreinte carbone d'une recherche. Je vous laisse calculer l'impact écologique des 3,3 milliards ?
Pour avoir une navigation plus responsable mais aussi plus éthique, il existe des moteurs de recherche - tels que Lilo ou Ecosia, pour ne citer qu'eux - qui permettent de compenser les requêtes que l'on effectue pour trouver une information sur Internet. Pourquoi ne pas les utiliser ?
8. Réduisez la qualité des vidéos lues en ligne.
Non, je ne vais pas me lancer dans une diatribe anti-Netflix ici. Chacun est responsable de ses choix.
Au lieu de regarder une vidéo en haute résolution (est-ce réellement nécessaire pour visionner un vlog ?), optez pour une qualité inférieure et économisez au passage de nombreux grammes de CO2. Dans le même ordre d'idées, désactivez la lecture automatique des vidéos sur les réseaux sociaux (en plus, c'est insupportable).
On estime que si Youtube désactivait la lecture automatique des vidéos, cela permettrait d'éviter la consommation de 330 000 tommes de CO2 par an. Rien que ça !
9. Téléchargez au lieu d'écouter de la musique en ligne.
Ecouter de la musique en ligne quand on marche en ville couterait 500 000 tonnes de CO2 par an. Télécharger vos morceaux de musique et vos vidéos favoris dans votre téléphone pour les savourer lorsque vous vous promener dans la rue est plus écologique. Pensez-y !
Dans la même logique, il est préférable de télécharger un film plutôt que le regarder en streaming. En effet, cela nécessite de maintenir la connexion avec le serveur pendant toute la durée du visionnage. Pour vous donner un ordre d'idée, le fait de regarder un film en haute définition en ligne émet autant de gaz à effet de serre que la fabrication, le transport et la lecture d’un DVD.
10. Pensez aux appareils reconditionnés / de seconde main.
Je suis assez friand de ce procédé (achat d'une tablette, d'un appareil photo, etc) pour vous le recommander car c'est un acte de consom-acteur responsable. En achetant un appareil reconditionné, on bénéficie d’un appareil quasiment neuf, on dispose d'une garantie le tout pour un tarif nettement inférieur à celui du neuf. Pour rappel, la production d'un ordinateur neuf de 2 kgs consomme 156 kgs de CO2.
Il y a deux ans, j'ai changé le disque dur de mon poste de travail et l'année dernière, j'ai fait ajouter de la mémoire. En faisant cela, j'ai assuré la longévité de mon matériel et c'est sans doute le meilleur moyen de réduire mon empreinte numérique. Prolonger l’usage et la durée de vie d’un ordinateur jusqu’à 4 ans permet d'améliorer de 50 % son impact environnemental selon l’ADEME.
BONUS - Compensez notre passé pour notre futur.
Agir aujourd'hui est essentiel pour demain. Mais même en agissant, nous allons laisser aux générations futures, un monde dans un état peu reluisant, en tout cas dans un état moins propre qu'il nous a été laissé par nos parents. Nous avons reçu Internet en cadeau mais nous n'avons pas appris à nous en servir de manière responsable. Aujourd'hui, le constat est amer : nous détruisons notre planète chaque jour et nous avons le même comportement irresponsable en ligne.
Depuis plusieurs années, j'ai pour habitude de compenser l'empreinte carbone de mon activité. Cela ne me rendra pas neutre mais en faisant cela, je pense à mes trois enfants que j'aime et à leur avenir. Compenser est complémentaire de tout ce que j'essaie de faire chaque jour pour tenter de ne plus salir et détruire notre planète. Pour cela, je fais planter des arbres que j'offre à mes client.es qui ont un contrat de maintenance. Plusieurs dizaines d'arbres grandissent aujourd'hui grâce à eux et je les en remercie du fond du coeur.
Conclusion
Comme je l'ai expliqué dans cet article, il est toujours possible de faire plus et de faire mieux en la matière. Mais pour réduire l'impact environnemental d'Internet, la moindre des choses que nous puissions faire est de faire le premier pas. Les autres pas suivront tôt ou tard et cela vous engagera dans une démarche plus responsable et plus vertueuse. Ce n'est vraiment pas compliqué, il vous suffit juste d'essayer :)